Un moineau ne tombe pas du nid (French Edition) by Isidore Mythel-Ange

Un moineau ne tombe pas du nid (French Edition) by Isidore Mythel-Ange

Auteur:Isidore, Mythel-Ange [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Librinova
Publié: 2023-08-27T23:00:00+00:00


Titre du chapitre 42 :

La Guadeloupe, la nouvelle vie de Carmélite

La terre natale de Théodosa et Théodore, Carmélite ne la connaissait que par ouï-dire, à travers les histoires de konpè Lapen et konpè Zamba et les souvenirs de sa mère qui trouvait la Guadeloupe plus belle, plus enchanteresse, plus splendide que la Guyane. La guérisseuse ne concédait à sa terre d’adoption que le fait d’échapper aux vents sadiques des cyclones.

Loin de la protection de sa mère, sur l’île aux belles eaux, les yeux de Carmélite se dessillaient. Jusque-là, elle ignorait que les gens de sa race étaient prédestinés à l’activité sucrière. Si la canne à sucre était le gagne-pain de tout ou partie des Nègres, pour les Blancs de France, il en allait autrement. Pour eux, la Guadeloupe était une sinécure. Fonctionnaires dans des bureaux, ils étaient étrangers à l’inclémence de la culture de la canne. Ils séjournaient quelques années avec femmes et enfants. Au soleil, ils profitaient du très très avantageux régime local du colon-fonctionnaire, à faire pâlir d’envie un Pacha !

Une fois débarqués des avions atterris à l’aéroport du Raizet, une fois habitués à la chaleur, les Blancs métropolitains s’installaient à égalité avec les Békés.133 À l’exception du vol de 1962 qui avait tragiquement fini dans le massif des Mamelles, les métropolitains émergeaient de la carlingue et formaient une sorte de société dans la société. Ils étaient reçus à la table des Békés alors que les nègres ne pouvaient espérer que marcher sur leur terrasse (s’ils avaient le privilège de franchir le pas de leurs portes).

Même les chiens des blancs et des noirs étaient différents. Les nègres avaient des chiens créoles qui mangeaient des restes et couraient sales avec des tiques dans le pelage. Les blancs avaient des chiens de race. Leurs animaux étaient tenus en laisse. Il arrivait qu’ils échappent à l’attention de leurs propriétaires et copulent avec les chiens créoles avant de retourner à leur cage dorée. Ils imitaient leurs maîtres. Installés dans l’idée qu’ils évoluaient dans un univers post colonial et post esclavagiste, les blancs couchaient volontiers, sous le couvert, avec leurs anciennes esclaves.

De sorte qu’entre blancs et noirs, la société se décomposait en gammes de couleurs. Plus on était clair mieux c’était. Après les Békés maîtres des commerces et des terres agricoles, il y avait les Blancs-pays, les Syriens et les Métis. À l’avant-dernier échelon, il y avait les Nègres. Juste en dessous d’eux, il y avait les Indiens.

Sans le sou, le Blanc- pays134 occupait une position contrastée. Il vivait parmi les Noirs, sans pour autant oublier sa supériorité raciale. Lui aussi, en bon chien, se mêlait parfois aux Noires avant de vite retourner à sa place sur le piédestal de la blancheur de sa peau. Elle le plaçait au-dessus de tous les autres. Bien que regardé de haut par le Béké qui le lorgnait de manière méprisante, le Blanc-pays avait une forte conscience de son devoir de préservation de la race blanche. Les Békés et les Blancs-pays n’étaient pas du même monde sauf qu’ils étaient blancs et qu’ils comptaient le demeurer.



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